Buenas!
Mettant à profit la cruelle séparation d'avec mon homme, nous décidons avec catherine d'aller marcher dans la Reserva Nacional Calipuy. On a trouvé ça sur la carte du Lonely, à environ une centaine de km de Trujillio, dans la montagne...mais à part un point sur la carte, pas une ligne dans le Lonely.
Qu'à cela ne tienne on va trouver des infos autrement, après tout le Lonely c'est pas non plus la bible (enfin presque...)
Donc vendredi (le 10), nous partons à Trujillio à la pêche aux infos. Bilan: aucun tour operator n'y va, l'office du tourisme est capable de nous dire qu'il y a une reserve qui abrite des "guanaco" (de la famille des lamas) et un santuario qui protège la "puya raimondi", espèce géante de broméliacée; interessant certes, on a bien envie d'y aller mais aucune info supplémentaire comment on y va tout ça, rien!
Bon. Notre ami internet nous informe vaguement que ça se passe du côté de Santiago de Chuco, un petit bled par là-bas et qu'à priori des volontaires français y sont allés en octobre.
Re-bon.
Vamos a Santiago de chuco alors.
Samedi soir départ à 18h30 pour 5h d'un bus poussièreux direction Santiago, la route naturellement est dégueulasse (d'où le poussièreux...) mais comme on est creuvées on dort quasi tout le long et on débarque à Santiago de Chuco à 23h30 pour chercher une chambre d'hôtel, adapté.
Heureusement c'est pas très grand, pas très touristique non plus...donc on trouve un hôtel correct sur la place centrale.
Le lendemain matin, méga-motivées on repart à la pêche aux infos.
Sauf que...c'est dimanche...
et comme justement c'est pas touristique....ben le centre d'info est fermé...naturellement, ça aurait été trop simple.
Au bout d'une heure de questionnement ardu des habitants on arrive quand-même à savoir que pour aller à la reserve il faut qu'on aille jusqu'à un autre bled qui s'appelle Calipuy.
Bon. En micro-bus. Bien. Mais y en a pas aujourd'hui parce que c'est dimanche. Ah ben tiens!
Et puis finalement y en a un mais il part pas parce que y a personne dedans.
Mais par contre si on veut y a un camion azul qui y va dans 5 min et qui part à deux cuadras de là
(2 heures pour obtenir ça comme info!)
beau comme un camion azul!
Et nous voilà parties pour 3 heures de camion azul hasta Calipuy, où l'absence de fenêtre nous permet de profiter pleinement du bon goût pateux de la poussière.
On arrive donc à Calipuy en plein tournois de foot dominical (au moins on sait où trouver les gens). Là on nous fait comprendre gentiment que pour aller à la Reserva aujourd'hui ça va être compliqué parce que c'est dimanche, que ya pas de bus et que le centre d'information de Calipuy est fermé.
Ah ben non finalement y a pas de centre d'information.
Mais par contre demain à 4h du mat' y a un micro-bus qui amène les professeurs de Santiago à Cusipamba (le bled le plus proche de la reserve) pour la semaine. Bon ben on va prendre lui alors.
Du coup on s'en va planter la tente dans un petit coin sympa, planqué et plat et on en profite pour pique-niquer.
Mais elle y restera pas longtemps puisque une heure après on rencontre Clarisse qui nous dit que "houlala c'est muy peligroso de dormir là, que c'est dimanche soir et que les machos sont borracho, que donc il faut qu'on aille dormir chez elle!" on lui dit que "non ça va on est pas mal là" "non!""bon..."
On passe donc la nuit chez Clarisse qui nous installe gentiment un matelas et des couvertures sur le sol de sa grande maison en torchi.
Entre temps Clarisse nous présente le maire du village qui nous explique qu"'à la reserve c'est fantastique, qu'ils sont bien équipés, qu'on aura aucun problème pour trouver une mule pour porter nos sacs, que même ils ont des tentes à prêter aux touristes, tout ça tout ça, fantastique. Que bon là on peut pas les prévenir parce que y a le tournois de foot mais tout est super." Ben super alors.
Et à 4h20 on est dans le micro-bus rempli de gentils professeurs pour une heure et demi de route encore plus pourrie qui laisse à l'estomac de catherine un souvenir imperrissable.
Sauf que après à 5h45, de nuit, à Cusipamba on a l'air maligne avec nos sac-à-dos... on se fait donc héberger avec les professeurs, au chaud, dans l'auberge du coin en attendant que le jour se lève et qu'on trouve une solution pour rallier le Santuario.
Après un repos salvateur et un petit-dej' qu'il l'est un peu moins, on apprend que le seul moyen d'aller au Santuario c'est à pied. Y en a pour une heure. On loue donc les services d'un gentil bourricot pour trimbaler nos sacs jusqu'à là-bas.
Arrivées là-bas, naturellement il n'y a ni mule porteuse de sacs, ni tente ni rien... mais le sympatique guarda parque Josué qui nous guidera dans le Santuario.
Ouf! Lundi, 11h, on touche au but; ça va on est parties que samedi soir....
Bon mais ça vaut le coup quand-même. 4 heures de rando dans de grandes étendues désertiques, paysage très sec avec un ruisseau de temps en temps qui verdit le bout de plaine alentour
pour enfin arriver devant la Puya Raimondii.
Cette broméliacée géante qui pousse entre 3600 et 4600m d'altitude et qui possède la plus grande inflorescence du monde qui peut faire jusqu'à dix mètres!
Cette plante impressionante fleurie pendant neuf mois un fois tous les cinq ans puis meurt d'épuisement.
Il y en a actuellement 3 en fleur dans le parc. Et en voilà une.
petit frérot encore une fois j'ai bien pensé à toi!
Donc ça c'était bien mais maintenant il faut qu'on aille à la Reserva pour voir les guanacos. Ah ben il faut retourner à Cusipamba. A pied. "Ah?" qu'on dit "Et y a pas d'autre moyen?" "ben euh ou alors en moto...mais y en a qu'une..."
Et puis on a 2 sacs et puis c'est aucune de nous deux qui conduit et puis y a pas de casque
(papa ne lit pas ces lignes!)
"Et euh ça passe?" "Claro!" (c'est toujours claro ici c'est ça qui est bien)
Vamos!
Bon heureusement c'était pas loin, puis du coup on allait vraiment pas vite...mais bon...divertido comme experience.
Et nous voilà de retour chez Rosa à Cusipamba où il nous est à nouveau interdit de planter la tente "parce que vous allez pas dormir dehors quand-même!"
Et le lendemain matin on reprend Bourriquet et on part dans l'autre sens pour deux heures de marche direction cette foutue reserve!
Là-bas toujours ni mule ni tente ni rien mais on rencontre Emiliano le guarda parque adorable qui nous emène toute la journée à la rencontre des Guanacos qui se promènent en grupo familial en poussant des cris de cochons qu'on égorge.
La balade nous emmène jusqu'au point culminant de la reserve à 4100m d'où on domine toute la cordillère et où l'on distingue les sommets de la cordillère blanche. Un peu brumeux ce jour là mais très chouette quand-même
.
Le chemin passe également par des ruines Chuco en cours d'étude donc on en saura pas plus mais c'est joli!
Et puis on redescend. Et on se dit qu'il s'agirait de songer au chemin retour.
Sauf que ....demain c'est mercredi et que le seul bus qui va de Cusipamba à Santiago il passe vendredi pour récupérer les professeurs.
"Et y a jamais de voiture qui passent ici?" "Non"
Bon ben comme ça c'est clair.
"Et on fait comment alors?" "A pieds" "Ah...et il faut combien de temps pour rallier Calipuy?" "4 heures" "bon..." "on fait comme ça alors?" "Ben...ouais"
Du coup Emiliano s'en va nous négocier un bourricot à Cusipamba d'un coup de moto et pendant ce temps-là il nous propose de faire la cuisine
(Parce que là non plus on plantera pas la tente, puisque Emiliano il a tout pleins de lits de libres qui lui servent à rien. C'est bien on est contente de l'avoir trimballer celle-là!)
un cuy qu'il faut qu'on fasse cuire! On est ravies!
Mais on passe quand-même une très bonne soirée en compagnie de l'adorable Emiliano qui refusera absolument tout participation financière, on en était même génées.
Et mercredi matin y a Manuel qui vient nous chercher avec sa bourrique et son sourire plein de dents de couleurs inégales
et nous voilà parties pour 4 heures de marche (rapide! "mais comment vous faites pour faire le trajet en 3h d'habitude?" "Ah ben nous autres on court" Ah ben oui vu comme ça...) à travers des paysages superbes, toujours très secs, des petits villages en torchi
et la cordillère blanche en toile de fond...
Arrivées à Calipuy à 11h00 on a juste le temps de remercier Manuel et on saute dans une voiture qui part à Santiago. On y arrive après 3 heures de pistes où la voiture refusait d'avancer en montée nous obligeant donc à descendre et...marcher...
Pause pique-nique sur la place de Santiago
et on embarque pour nos 6 heures de voyage retour (y avait des travaux...) vers Trujillio sur cette route toujours aussi défoncée.
On arrive à 23h à Huanchaco, pourries, les dread locks dans les cheveux, creuvées mais ravies d'être sorties des sentiers battus.
(Parce qu'on a quand-même appris entre temps qu'en fait on était les premières touristes à visiter la reserve!)
Et alors là je sais pas si vous pouvez imaginer le bonheur d'une douche chaude et d'un lit propre!
